Fragments of memory (2)

D' autres fragments éparses de ma mémoire semblent vouloir sortir...

Si je reprends un peu depuis la dernière fois...  J' avais vraiment flambé ma 1ère année de terminale, mais il devait en être ainsi...En première , je me laissais déjà lentement couler... Et internet n' avait pas la même senteur de doux opium virtuel (comprendre les chats, msn messenger etc...) que je me réfugiais vainement déjà dans l' imaginaire. Quand nous avions deux à trois heures de cours en moins , à défaut d' avoir encore une piècette dans ma poche pour le cinématographe, je traînait avec des idées plus (pensées de suicide) ou moins (se barrer loin de tout) noires dans des coins que j' avais fini par m' approprier... Parmi eux l' île de la cité. Suivant mon humeur, mes maigres envies, je me mettais sur une des deux pointes, sur un banc et je dessinais au stylo noir, des choses noires....Même quand le moral se stabilisait j' y allait finalement. Assis là avec un peu de vent dans les cheveux, mon ami Baudelaire dans ma main et mon appareil à cd dans la poche de ma veste noire (Joy Division dans le mange disque !). J' étais seul mais bien. Parfois je rêvassais que l' île de la cité tel un improbable navire, détachait les ancres et commençait à naviguer sur la Seine (scène ?). Une centaine de voiles surgirait sur le toit de la cathédrale et nous serions allés là où le vent nous menait....

L' imaginaire c' était aussi les bandes dessinées. Parmi toutes, "les cités obscures" de Schuiten et Peeters. Les cités obscures met en scène un monde parallèle au notre , aux villes étrangement ressemblantes d' ailleurs. Un monde fantasque mais si cohérent, si vivant, qu' un livre déclencha en moi une idée folle...

Sorte de guide Michelin (étrangement le format y fait penser...), le livre relatait divers descriptions des villes d' après de nombreux témoignages de gens qui avaient pu trouver des passages. Car oui, voilà, de nombreux passages existent entre notre monde et celui des Cités. Parmi eux, celui de la station "arts et métiers" sur la ligne 11 du métro à Paris. Et moi...Troublé, déséquilibré à ce moment...Je m' y suis rattaché au point qu' un matin, naïf, je décide de partir pour le monde des cités obscures ! Je vais à la ligne de métro, prend le premier métro pour me retrouver à.................la station d' après. Je me dis qu' il y a un truc qui ne marche pas. Je reprends "arts et métiers" en sens inverse pour retrouver..............une banale station de métro. Pas de passage pour le monde parallèle des cités obscures. Déçu le nico. C 'est depuis ce jour que j' ai compris définitivement que l' Art n' était qu' illusion. Enfin illusion dans le sens où l' Homme ne peut créer la réalité sauf quand elle est inhérente à lui même. Bref il ne fait que constamment recréer une illusion de réalité en voulant la retranscrire. Et pourtant....Pourtant, cette illusion devient une Réalité. Oh pas comme son modèle non, mais plus une réalité qui émerge du créateur. Une vision aiguisée et personnelle sur le monde qui ne disparaîtra pas de sitôt. Et quoi de plus réel finalement qu' une illusion assez persistante ? (*)

J' étais naïf, rêveur, lyrique et idéaliste. Je pense l' être resté mais entre temps j' ai découvert l' amertume...

Je me rappelle aussi mes premiers chocs musicaux...Les 33 tours de papa, le vinyl qui lentement tourne et une musique qui monte et se répercute dans le salon. Une femme qui chante avec une espèce de souffrance incroyable en elle. Janis Joplin. Un rock énervé, sans concession, lyrique, improvisé, sur le bord du rasoir mais où la vie chante. Deep Purple. Une nuit où les grillons résonnent au rythme d'un saxo et d' une guitare électrique égarée. Santana. Un rock urbain et moderne au son hallucinant. Pink Floyd. Une musique mi blues, mi rock mi pop assez entraînante.The Doors. Et ça a continué longtemps avec d' autres noms sur les vinyls que j' écoutait inlassablement presque tous les soirs en rentrant du collège. In a gadda da vida. Mahavishnu orchestra. Led Zeppelin. Johnny Winters. Tangerine dream. Kraftwerk..... Un jour la platine à cassé. J' ai continué quand même à écouter les vinyls de mon père. Il fallait juste que je tourne les disques à la bonne vitesse et ramène manuellement le bras mécanique au cristal...

Oh bien sûr après j' ai découvert des trucs tout seul comme de nombreux jeunes de mon âge. On n' y échappait pas. Un soir en rentrant des cours, il y avait ce clip, assez alléchant et cette guitare...Et ce rythme...Le groupe s' appelait Nirvana. Et puis il y avait aussi IAM. Textes engagés et brillants. Musique parfaite. Mêmes chocs que pour précédemment.

Avec le temps il y a eu moins de coups de coeur foudroyants en moi pour la musique. Etais ce parce que je grandissais ou parce que le monde changeait ? Bien sûr il y en a toujours mais moins que pendant la période bénie (ou presque) de l' enfance...

(Un petit hommage à Nirvana...Euh oui si l' on veut...)

(*) J' espère avoir réussi à exprimer ce que je ressentais vis à vis de ma compréhension du monde : Parce que, je n' ai jamais fait de philosophie (bien que celà m' intéresse fortement) au lycée. Non pas la faute des enseignants (ma prof de français de seconde et première était une femme tout simplement géniale : sachant que j' adorais la science fiction, elle me fit découvrir ph.K.Dick ! Comment avais je pu passer à côté de cet auteur fabuleux ? Etrange...) mais plus parce que ce n' était tout simplement pas au programme de ma formation de graphiste...

.....

Comments

[Nouilles]

> Akira, merci^^

>Bi-osphère : Hmm peut être. Ou peut être pas. Peut être n'y a t 'il de passage que dans notre imaginaire et ce parce que toute oeuvre en plus de faire réfléchir fait rêver ?

> Oneiros : Pas encore vu ta réponse (je viens de finir de manger --oui oui à cette heure ci !--) mais j'y vais tout de suite ! Pour les cités, j' en suis devenu fou aussi. Je suis content de ne pas être le seul^^

[Oneiros Thanatos]

Marrant...
Je te réponds au sujet de Dune en te conseillant Dick... et je lis maintenant ce que tu en écris... hé hé...
Je parle d'un copain (Oï) sur ma dernière note et c'est JUSTEMENT lui qui m'avait fait découvrir "Les cités obscures" dont il était fou au point de ne JAMAIS prêter cette BD...
Et pour la musique... ça me fait toujours plaisir de constater qu'il n'y a pas systématiquement de "fossé des générations" (je dois plutôt être de celle de ton auguste papa)... et que ce qui est bon intrinsèquement n'est jamais enseveli sous les effets de mode.
Très rassurant tout ça...

[Akira_Saya]

tellement personnel... Et tellement universel ^^

[bi-osphere]

En ce qui concerne l'art: Pratiquer l'art pictural, c'est forcément tricher.

Je m'explique: Sur un support deux dimension, tu crées une troisieme dimension virtuelle, celle de la profondeur... Quand bien même tu reste sur un art naif ou abstrait, ta troisieme dimension est celle qui fait rentrer le spectateur "dans" le tableau...

Alors dessiner est ce que c'est "tricher" ? Tout dépend de la sincérité avec laquelle tu le fais ! Est ce que c'est parceque tu n'as pas trouvé de passage vers les cités que celui-ci n'existe pas ?


A méditer